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Ascension consiste en une réunification arbitraire d’éléments qui ne se côtoient pas dans d’autres contextes, à savoir des murs d’escalade artificiels et des parois rocheuses inspirées de La grotte de la Colombière. La notion de collage et de superposition sert la mise en espace et la dimension architecturale au sein de laquelle le site classé nourrit un aspect scénographique. Ce paysage hybride et poreux à pour vocation de faire entrer en dialogue un certain nombre de motifs et de symboles. Il met en exergue des indices d’une réalité contemporaine qui se frayent un chemin pour tendre à re-contextualiser et décentraliser un patrimoine afin de le percevoir autrement et de presque le théâtraliser. L’espace mental, fantasmé, relatif à l’intime, et celui du social dit « espace réel » se rencontrent pour offrir sur la toile des visions énigmatiques qui cultivent une curiosité face à une esthétique du contraste.
Le synthétique et le minéral cohabitent pour entretenir tout bonnement un dynamisme vibrant. La vivacité de l’atmosphère se heurte à la glaciale muraille et l’abri-sous-roche rocailleux qui tentent de s’épouser. La pierre vient arrondir voir engloutir presque violemment les angles et offre une dimension régressive à la fois rassurante et menaçante. A gauche, au troisième plan, se laisse percevoir une roche isolée, dont le traitement rapide évoque les galets ancestraux magdaléniens gravés de formidables animaux qui éveillent aux mystères concernant leurs premiers usagés. Le trou béant de la roche offre une sombre cavité devant laquelle gisent des lambeaux de corde.
Mais c’est davantage la position de la grotte dans le paysage qui retient l’attention, se dressant comme seul volume surplombant la rivière d’Ain à Neuville. D’ailleurs, plutôt que de dissoudre notre ignorance, Ascension la révèle. Le regard escalade et nous entraîne dans une quête vertigineuse vers les sommets d’un site préhistorique en haut desquelles nous nous heurtons au vide ou du moins à l’horizon. Il ne révèle rien de plus que les vignes avoisinantes presque fantomatiques qui ont disparu aujourd’hui du territoire. Et si cet environnement laisse percevoir la main de l’homme, la désertification humaine cède toute la place à l’impact du regardeur qui devient lui seul l’acteur. La dimension inachevée témoigne du processus et introduit la notion de suspension et de poursuite éventuelle qu’il revient au spectateur d’imaginer.
EK

